31/05/2023

Mai (b)

Politique et administration
- L'approbation du président Boric est de 31% et sa désapprobation se monte à 61%
- 32% des gens approuvent le gouvernement et 46% le désapprouvent. Les plus partisans sont les jeunes de 18 à 34 ans (40% d'approbation).
- 35% disent qu'il n'y a auncune "tendance politique" qui les représente; 21% que c'est l'extrême gauche (PC et Front Ample); 21% les républicains (droite radicale); 9% le "socialisme démocratique"; 6% la droite modérée.
- Le gouvernement a publié 123 nouvelles lois durant sa première année.
- Un gouvernement ignorant de la réalité? Il a destiné 80 millions de CLP (89.000 €) à une étude pour identifier les priorités des chiliens! [Et tous les mois, sinon toutes les semaines, il y a des enquêtes privées qui le répètent à saciété. Elles ne sont pas confiables pour lui? L'élection du 7 mai ne lui a rien dit?]
- 70% des chiliens se déclarent toujours chrétiens, bien que la majorité n'assiste plus aux offices.
- Nouvelle constitution: 45% des gens croient que les républicains feront de l'obstruction au cours de la discussion de sa rédaction finale, contre 37% qui croient à une position "propositive". Pour 34%, le Front Ample et pour 44% le PC seraient aussi "obstructifs". 63% disent être intéressés par le processus de rédaction. 46% disent qu'ils voteraient contre l'adoption (10% de plus qu'il y a 15 jours), pour 34% favorables (6% de moins).
- La Commission d'Experts - qui vient de terminer son travail - a proposé que les partis qui obtiendront moins de 5% des voix ne pourront pas avoir de parlementaires (sauf lors de la prochaine élection, où ce sera 4%). De plus, ne pourraient subsister que les partis qui obtiendront au moins 8 représentants (députés + sénateurs). Cela éviterait l'actuelle fragmentation: 9 partis actuels resteraient sans représentation.
- L'article 1er qu'elle a rédigé déclare que le Chili est un "état social et démocratique de droit avec participation publique et privée". Le droit de propriété est maintenu mais pas la liberté d'élection en matière de santé (Tout cela doit encore être révisé et éventuellement confirmé par le Conseil élu le 7 mai.). L'article sur la protection de la vie (protection de l'enfant avant de naître et interdiction de la peine de mort) a été exclu. Les républicains tenteront de le réincorporer dans la prochaine étape.
- Des députés socialistes ont présenté au parlement un projet de réforme pour que le conseil élu ne puisse travailler que 2 mois au lieu de 5 et que sur le bulletin de vote de décembre soit inclue l'option "A faveur du texte préparé par la commission d'experts" (celle qui termine son travail ces jours-ci, travail qui pourra être modifiée par les élus). [De nouveau la tentation de la gauche d'imposer un texte qui leur plairait plus?] Évidemment, l'opposition n'est pas d'accord et c'est donc improbable.
- Le Conseil élu commencera son travail le 7 juin.

Economie
- 5.000 chiliens allaient chaque jour à la ville argentine de Mendoza (proche, de l'autre côté de la cordillère, à la hauteur de Santiago) pour acheter des provisions de supermarché pour profiter du change qui rend les produits argentins 30% meilleur marché (ou plus). Une ligne d'autocars offrait même des voyages d'une journée, avec arrêt à un supermarché. L'affluence était telle, là-bas, qu'on ne vendait plus aux étrangers l'apès-midi. (Le mauvais temps l'empêche maintenant, obligeant à fermer la douanne en haute cordillère.)
- Les ventes en ligne (par internet) ont diminué de 32,9% cette année. Les autres ventes du commerce au détail ont aussi baissé: celles des supermarchés ont baissé de 8,3% en un an).
- Le parlement a approuvé une loi qui impose de nouvelles taxes ("royalty") aux grandes entreprises minières (cuivre et lithium): ce seront 490 millions de dollars de plus pour le fisc. 225 millions seraient réinvestis en 2024 dans les régions et communes où elles opèrent.
- L'inflation du prix des aliments serait ici de 24,8% selon la Banque Mondiale, la 3e la plus haute du monde.
- Seulement 6% des chiliens considèrent qu'ils vivent avec commodité. 50% disent avoir des difficultés financières. 52% disent que le système de pensions doit être complètement changé.
- "Cyberday" (3 jours de ventes par internet avec offres spéciales): on estime des ventes pour 11.000 millions de dollars (5% de plus que l'an passé). 500.000 produits ont été offerts et il a été vérifié que seulement 25% avaient une réelle ristourne (en moyenne de 22,6%).
-La génération d'électricité par systèmes solaires et éoliennes a atteint 32% de la matrice, plus que la génération thermique.

Sécurité
- 59 vénézuéliens s'étaient spécialisés dans les séquestres. 52 sont maintenant en prison. 30 nouveaux membres du "Train d'Aragua" (dangereux groupe vénézuélien de délinquants, connus pour torturer leurs victimes) ont été arrêtés; 350 ont déjà été identifiés et 123 sont en prison. Un groupe avait 2 autocars de luxe avec lesquels ils transportaient de la drogue (170kg trouvés) et des émigrants illégaux, du nord au centre du pays, et ensuite les exploitaient (prostitution, etc.). Ils sont présents dans le nord (Iquique), le centre (Santiago) et le sud (Concepcion, Temuco et Puerto-Mont).
- 100 assassins ont déjà été arrêtés cette année, 33% de plus que l'an passé. Mais il y a eu plus de 350 homicides. Comme beaucoup d'émigrants illégaux sont impliqués (sans documentation chilienne), il est très difficile pour la police de les identifier.
- En un an, 1.700 voleurs d'autos par la méthode de la queue de poisson ont été arrêtés.
- 1.220 étrangers ont été expulsés l'an passé, principalement des condamnés pour trafic de drogue.
- Nouvelles attaques à des carabiniers: les chiliens les ont toujours fort respectés (sauf lors de l'explosion sociale de 2019), mais la culture des émigrants est fort différente (et déteint parfois).
- Nouvelle bande de trafiquants arrêtée, avec pour plus de 150.000 € de drogue. Et 2 tonnes de drogue ont aussi été saisies peu après leur "importation" de Bolivie par un col non contrôlé; 4 arrestations.
- Il devient dangereux pour une femme de sortir seule: de petits groupes (2 ou 3 délinquants) les attaquent violemment pour leur voler leur sac et sacoche, même en plein jour, à Santiago.
- Des groupes nombreux entrent maintenant dans les magasins et, tandis que les uns menacent les vendeurs et éventuels gardes, les autres remplissent rapidement d'énormes sacs.
- 20.000 charriots de supermarchés ont été volés l'an passé. La police vient d'en retrouver près de 200 que 2 étrangers offraient en location par heure dans un grand marché. (Il est fréquent, ici, que des acheteurs aux supermarchés les utilisent pour mener leurs achats jusque chez eux puis les abandonnent n'importe où!).
- Le Chili est le 3e pays de la région qui souffre le plus de cyberattaques.
- Araucanie: Alors que le ministère public assure qu'il y a 17% de plus d'actes violents cette année, le sous-secrétaire de l'Intérieur affirme qu'il y a 30% de moins de "violence rurale".
- Des plantes de cannabis ont été saisies dans une communauté, ainsi que des armes et munitions. (Un indice de plus que le trafic de drogue est une partie du problème dans la zone.)
- La restitution de toutes les terres qui ont appartenu aux mapouches coûterait au fisc 5.000 millions de dollars.

Amérique Latine et la Chine
- La Chine continue avec son plan de prendre position en A.L. En plus de ses investissements abondants et de son commerce, elle promeut l'utilisation du yuan comme monnaie d'échange en remplacement du dollar. L'Argentine et le Brésil commencent à payer leurs importations chinoises en yuans (10% du commerce extérieur brésilien et, en Argentine l'équivalent de 1.040 millons de dollars rien qu'en ce mois de mai). La Bolivie se propose aussi d'adopter un mécanisme similaire. Depuis 2015 il y a aussi un accord d'échange de devises avec le Chili et l'installation ici d'une banque de compensation en yuans ("clearing house").
Le commerce de la Chine avec l'A.L. est passé de |2.000 millions de dollars en l'an 2000 à 495.000 millions en 2022, ce qui a fait de Pékin le plus grand associé commercial de la région.

15/05/2023

Mai (a)

Politique et administration
- L'approbation du président Boric est de 28%.
- Contradiction dans le gouvernement: le président Boric dit qu'il faut "dialoguer jusqu'à ce que cela fasse mal", mais la porte-parole du gouvernement dit que "le gouvernement ne changera en rien son orientation, quel que soit le résultat des élections" (de conseillers constitutionnels, le 7 mai). Le résultat de l'élection lui est défavorable (voir plus loin) et l'opposition lui demande de corriger sa route, Et Boric répond: "Le nord du gouvernement ne se modifie pas par la conjoncture".
- Émigrants bloqués à la frontière avec le Pérou, qui désirent rentrer chez eux, mais non autorisés par le Pérou: Le Vénézuéla a envoyé un avion qui en emporte environ 120. Cela a produit une affluence d'autres vénézuéliens désireux de rentrer chez eux, dans l'espoir d'avoir aussi leur chance. Une délégation du ministère des Affaires Étrangères chilien est allé à Caracas pour discuter sur d'autres repatriations (on attend les résultats).
- Nouvelle constitution: Le manque d'intérêt a atteint 50%. Et malgré la "frange" de propagande journalière à la télévision (à midi et le soir, pendant plus d'un mois), 62% des gens ont dit être peu ou pas informés sur les candidatures.
- Élection des 50 (ou 52) conseillers chargés de la rédaction finale (7 mai): 84% des électeurs ont voté mais il y a eu 17% de votes nuls (ne marquant pas correctement la préférence: mauvaise compréhension de comment voter dans ce cas ou bien désintérêt).
- Le Parti Républicain (¿droite "radicale et conservatrice", plutôt qu'"extrême"?) a obtenu 23 conseillers (de 51) et 35,4% des votes; il est suivi de la gauche (du PS au PC, avec le Front Ample) avec 16 conseillers et 25,6% des voix (6 socialistes, 2 communistes et les autres du Front Ample), puis les 3 autres partis de droite avec 11 conseillers et 21,07%. Cela fait 56,5% des votes pour la droite en son ensemble. C'est la première élection depuis 1990 où la droite dépasse la gauche, qui maintient ses 36% (Il y a un autre groupe de centre-gauche, de 3 partis, qui a obtenu 14,9%, et pas assez pour obtenir des sièges.) Il y a de plus 1 mapouche (siège réservé aux "peuples originaires"; il n'y a pas eu assez de voix pour en élire plus).
Avec 34 conseillers, la droite s'assure les 2/3 des voix nécessaires pour approuver les articles de la future constitution. La gauche n'en a pas assez pour faire des vetos, mais le Parti Républicain, lui, les a (mais pas assez pour imposer à lui seul ses vues). (Voir EXTRA: "Comment Kast a obtenu la majorité dans une Constitution qu'il n'a jamais voulue". Voir aussi, à la fin de ce post, les possibles raisons de ce triomphe.)
- Six hommes forts votés ont dû céder leur place à des femmes moins votées à cause de l'obligation d'autant de sièges pour elles que pour les hommes.
- Note: Le Parti Républicain était partisan de conserver la présente constitution, avec quelques modifications. Il lui faudra de toutes façons "composer", au moins avec le reste de la droite et tenir compte que la désapprobation pour lui exprimée dans les enquêtes est resté de l'ordre de 50%. Son slogan durant la campagne électorale: "Récupérer, reconstruire". Mais sa victoire a fait surgir des craintes dans tous les autres secteurs. Le leader du parti a cependant demandé à ses conseillers d'être prudents et de chercher les accords pour que le résultat soit un succès.
- Pour la première fois depuis sa création, la Démocratie Chrétienne n'a obtenu aucun élu lors d'une élection. Il y a quelques années, son alliance avec les socialistes lui avait valu la perte de près de la moitié de ses militants. Se séparer du PS, maintenant, ne lui a pas réussi.
- Ce fut aussi une grande déroute pour le Parti des Gens (populiste), avec seulement 9% des voix, mais aussi pour les 3 autres partis de droite, ensemble dépassés par les républicains.
- Contradictoire: La liste socialiste + PC et Front Ample a obtenu plus de votes dans les communes de haut standing, alors que les Républicains (considérés parti d'une élite) ont obtenu plus dans les autres. "La gauche, d'être représentante des travailleurs, est passée à être représentante des universitaires et des hautes classes. Rien d'étonnant que les ouvriers lui tournent le dos", dit un docteur en philosophie.
- Conclusion: le pays n'est pas ce qu'imaginait la gauche.
- Les suites:
* Le président Boric a demandé que les républicains "ne fassent pas la même erreur qu'a fait son secteur lors de la convention passée" (imposer ses vues contre vents et marées).
* Une réunion de "comité politique", du président, des ministres et les représentants des partis qui l'appuyent, a décidé que le gouvernement continuerait avec ses plans de réformes existants.
* Si la nouvelle constitution est approuvée au plebiscite de décembre, elle devra être signée par le président Boric même si elle ne lui plait pas du tout!
* Premier thème qui serait discuté par le Conseil: déclaration d'état "social et démocratique de droits" vs "état subsidiaire". Les républicains défendent la subsidiarité et d'autres, de droite, font remarquer avec réalisme que "l'état n'est pas si riche qu'il puisse répondre à toutes les nécessités des gens". [Un futur débat à oberver. Le problème est que le parlement a déjà défini que l'état social est "une base irrenonciable".]

Economie
- Inflation d'avril: 0,3% (9,9% en 12 mois).
- Le résultat de l'élection de conseillers, avec la victoire de la droite, pourrait donner plus de confiance aux investisseurs. La bourse a monté de 2% le lendemain mais, malgré cela, les entreprises locales réduisent leurs plans d'investissement.
- La production industrielle est tombée de 1,9%, surtout à cause de la baisse de production de cuivre. L'activité économique totale a baissé de 2,1% en mars (comparé à l'an passé) et 1,9% en un an, avec une forte baisse du commerce (5,4%) en plus de l'activité industrielle.
- Les dépenses publiques ont augmenté de 5% au premier trimestre et les rentrées pour impôts sur les rentes ont apporté pour la première fois plus que la TVA.
- La confiance des consommateurs a un peu remonté en avril et est à 39,6/100. Mais les "grandes surfaces" continuent à faire des pertes et une des chaînes a remercié un tiers de son personnel (une autre avait déjà fermé des magasins).
- En un an les traitements ont augmenté nominalement pour la première fois depuis 17 ans (11,2%), mais ce n'est pas une augmentation rélle car l'inflation a été de 12%. Le coût moyen de la main d'oeuvre est d'environ 8,5 €/h.
- Les institutions privées de santé (assurances) ont perdu 127.000 affiliés au premier trimestre. Selon l'organisme contrôleur du ministère de la Santé, elles auraient dépassé dans leurs factures les montants maximum fixés en 2019 pour un total, depuis lors, de 1.400 millions de dollars. La Cour Suprême a ordonné que ce montant soit rendu aux affiliés. Les assurances déclarent que cela correspond à 30 ans (passés) de bénéfices et que les rendre est impossible car cela causerait leur faillite. Un projet de loi donnerait aux assurances 6 mois pour proposer un mécanisme de restitution mais propose aussi une voie pour que les affiliés passent au système public [qui serait pourtant incapable de les absorber]. Selon les privés, c'est une façon d'avancer vers un monopole public de la santé.
- La pauvreté (selon les critères locaux) était de 68% en 1990 et est maintenant de 10,8%.
- Graphique: les dépenses sociales du Chili, comparées aux autres pays de l'OCDE et d'Amérique Latine (les plus grandes d'A.L.). 

Sécurité
- Il y a eu des vols de cuivre en 2022 pour une valeur de 88,2 millions de dollars.
- Les incidents se sont multipliés au cours de matchs de football des principales équipes (lancement de bengales et de feux artificiels sur le terrain, et bagarres). Les matchs ont été interrompus et remis.
- 19 personnes ont été arrêtées pour contrebande réalisée grâce à la participation de 5 douaniers à l'aéroport de Santiago et vendeurs des produits dans 4 régions du pays. Une autre bande (un albanais, 2 chinois et un péruvien) a été arrêtée tentant d'exporter par le port de San Antonio 100 kg de drogue vers l'Europe.
- Le gouvernement a envoyé au parlement un projet de loi d"intelligence économique" pour mieux poursuivre l'argent gagné par les trafiquants de drogue.
- Nouvelle "ronde" nationale des carabiniers: 6.000 arrestations et 389 kg de drogue saisies (et aussi des armes).
- Les prisons sont surpeuplées (120% d'occupation) et il y a encore des dizaines de milliers d'ordres d'arrestation: on n'a pas où les mettre! [Les actuelles autorités, lorsqu'elles étaient parlementaires, ont voté contre la construction de nouvelles prisons.]
- Des jeunes "intelligents", voleurs d'autos, publiaient leurs succès sur les réseaux sociaux. Bien sûr, la police les a rapidement identifiés et arrêtés.
- Araucanie: Nouvelle escalade d'attentats (10 attaques en 2 jours, et continuant). L'état d'urgence qui existe depuis un an et permet la présence des militaires semble n'y faire rien; ils ont même augmenté de 47% en avril. Les patroullages militaires seront augmentés de 50% et de nouveaux blindés et hélicoptères y seront envoyés. Une base militaire sera installée dans la région. [Cela ne semble pas la meilleure façon de freiner des actions de guerrilla.]
- La maison du conseiller républicain récemment élu a été attaquée à coups de fusils.
- Dans cette région et les 2 voisines, la droite a obtenu plus de 60% des voix à l'élection des conseillers constitutionnels.
- Fin d'enquête: 48% des (grands) incendies de forêts, en février, ont été intentionnels.

Les possibles raisons du triomphe conservateur
1. Sensation de crise due à un manque de certitude, vu l'incapacité du gouvernement qui assurait pouvoir tout changer. Le parti républicain a réussi à convaincre qu'il donnait le plus de garantie.
2. Un vote de refus associé au vote de refus du premier projet de constitution et au refus du programme du gouvernement du fait de sa vigoureuse campagne pour l'approbation de ce projet-là.
3. Les candidats républicains, n'ayant jamais encore eu de poste politique à responsabilité, ne sont pas "souillés" par le pouvoir.
4. L'emphase sur le thème de la sécurité, qui est celui qui importe le plus aux chiliens (et les résultats les plus débiles du gouvernement), plus la réclamation des droits de propriété des épargnes et de libre élection en questions de santé et d'éducation. (47% de ceux qui ont voté pour ce parti l'ont fait dans l'espoir d'un meilleur combat de la délinquance, selon enquête postérieure.)
5. On dit qu'il y aurait aussi un "sens commun néolibéral".

09/05/2023

EXTRA: Élection de conseillers constituants

 (Texte originel du journal espagnol El País, traduit par Google Translate. Se eliminaron los gráficos.)

Comment Kast a obtenu la majorité dans une Constitution qu'il n'a jamais voulue

JORGE GALINDO

El País, 8 mai 2023

Il n'y a pas de paradoxe au Chili : juste une confusion entre mobilisation et représentation qui a permis à l'extrême droite de capitaliser sur son « non » et de remporter 35 % des sièges au Conseil constitutionnel chilien

L'extrême droite vient de devenir majoritaire dans le processus constitutionnel chilien . Il le fait en étant le seul groupe politique important à s'opposer dès le départ au remplacement de la Constitution par Augusto Pinochet (modifiée par la suite pour la rendre démocratique). Beaucoup regardent le Chili de l'intérieur et de l'extérieur et se demandent : comment cela a-t-il pu arriver ? Comment expliquez-vous le paradoxe qu'un pays qui en 2019 semblait mobilisé par la gauche, massivement en faveur d'une nouvelle Magna Carta à l'époque et avec une victoire de cette même gauche aux élections, finisse par rejeter un texte constitutionnel en dernier Septembre ? et placer désormais votre principal adversaire à la tête du nouveau conseil chargé de proposer un nouveau projet ? La réponse est que toute la question, le prétendu paradoxe, repose sur un mirage.

Ce mirage a commencé avec l'épidémie de 2019. Cette épidémie a rendu public ce qui jusque-là était privé : le profond mécontentement de la population chilienne face à la tournure des choses, le sentiment qu'elle perdait trop dans le jeu de la fréquence. Ensuite, plusieurs de ses dirigeants, à commencer par le président conservateur Sebastián Piñera lui-même, ont jugé opportun de transformer cette frustration en une demande de changement des règles du jeu. Et c'est ce sur quoi le Chili était d'accord, à quelques exceptions près qui ressemblaient à l'époque à des voix minoritaires. Parmi eux, celui de José Antonio Kast : en décembre 2019, 10 mois après le plébiscite d'entrée qui entérinerait le début du processus constitutionnel, Kast tweetait « Du Front large à l'UDI, tous se sont entendus pour approuver une Constitution illégitime, fondée sur les violences. Nous sommes une minorité dans l'élite, mais avec des millions, nous allons dire non et rejeter une nouvelle Constitution qui n'aidera pas à résoudre les urgences du Chili ».

Avec 78% en faveur d'une nouvelle loi suprême lors du référendum d'octobre 2020, il pourrait sembler que les propos de Kast étaient hors du temps. Mais ces 78% méritaient et méritent d'être recalculés pour bien mesurer le nombre de Chiliens qui, un an après les manifestations au cours desquelles les différentes options et propositions pour une nouvelle Constitution se précisaient, étaient prêts à aller de l'avant. Il s'avère que près de la moitié des Chiliens ayant le droit de vote sont restés chez eux ce jour-là. Autrement dit : si l'on recalcule que 78 % du nombre total de ceux qui avaient ce droit, seuls 38 % ont expressément demandé un changement constitutionnel en 2020. Ce chiffre est important car il est maintenu comme une référence approximative : dans les élections qui élire les électeurs chargés de rédiger le premier projet, en mai 2021, 43% du total du recensement participeraient. Et lors du plébiscite de sortie, qui a rejeté ledit texte à la fin de l'année dernière, le pourcentage du recensement qui a voté oui était de 32% (38% des 85% qui ont participé).

Dans le plébiscite de sortie, contrairement aux précédents, le vote était obligatoire. Cela a révélé les préférences de la majorité jusque-là plutôt silencieuse sur le processus. Et il a laissé les partisans dans les environnements de 30 à 40% du recensement total des personnes en âge de voter dans lequel ils se trouvaient depuis la fin de 2020. En ce 2023, la somme des plates-formes du centre à l'extrême gauche est revenue précisément à ce même environnement.

L'échec des défenseurs du processus est évident à la lumière de ces données : ils ont confondu mobilisation et représentativité, et ce faisant ils ont confié l'avenir du processus constituant à un texte écrit par les mobilisés, mais qui devait être approuvé par tous. . Chaque fois que tout le Chili vote en totalité et pas seulement une partie du pays se rend aux urnes - comme cela s'est produit lors des deux dernières élections - cette confusion est révélée.

Désormais, le nouveau Conseil constitutionnel avait un vote obligatoire. Et le résultat était radicalement différent du premier. Cependant, la victoire du parti de Kast n'est pas non plus en dehors des paramètres attendus : si son vote total, ou pourcentage sur le recensement, est comparé au premier tour des élections présidentielles de 2021, les chiffres sont très équilibrés.

C'est-à-dire : plus qu'un virage idéologique radical, ce que ces données éclairent, c'est une capacité du Parti républicain à capitaliser sur son point de départ . Alors que la nouvelle constitution était une boîte vide que chacun pouvait remplir de ses envies et de ses illusions, ce « non » sonnait mal : pourquoi ne pas vouloir s'améliorer ? Mais lorsque le Chili a commencé à discuter de ce que signifiait exactement l'amélioration, en écartant ou en donnant la priorité à certains désirs par rapport à d'autres, cela n'a pas commencé à sembler beaucoup plus raisonnable pour une partie du Chili qui a fini par être la majorité. Et c'est ainsi que Kast a obtenu un droit de veto sur une constitution qu'il n'a jamais voulue.

Ce résultat était-il inévitable ? Non, même pas du côté de la demande : le Chili dispose d'une majorité favorable à un changement constitutionnel drastique . Celui qui va au-delà des nombreux changements qui ont été apportés à celui qui est en vigueur depuis 1980. Le pouls que l’enquête Cadem a tenu jusqu'en août 2022 proposait aux citoyens quatre options au cas où il ne sortirait pas lors du plébiscite de sortie, comme c'est arrivé : appliquer le texte tel quel, le modifier par un vote positif, le rejeter en en cherchant un nouveau, ou maintenir la Constitution en vigueur.

Les données peuvent être interprétées de deux manières. D'un point de vue dichotomique (oui-non), le Chili est divisé en deux moitiés similaires. Cependant, on peut également en déduire qu'une majorité des deux tiers (67%) préfère une norme différente de la norme actuelle, soit réformée (32%) soit complètement reformulée (35%). Et si l'on ajoute les 12% qui voulaient la version vaincue avant qu'elle ne soit vaincue, il y a près de huit Chiliens sur 10 qui, au moins à cette époque, préféraient quelque chose de différent du texte pinochetiste réformé. Les 21% restants sont similaires à ceux qui ont voté pour Kast au premier tour de 2021 où ils ont obtenu la première majorité, des élections totalement conditionnées par le processus constituant, et ceux qui ont maintenant choisi leurs candidats pour le nouveau conseil, dans une élection conditionnée. par la situation (migration, économie, sécurité).

En d'autres termes : le processus d'élaboration d'une nouvelle Constitution a effectivement été complètement contaminé par la bataille partisane au jour le jour, mais si tel a été le cas, c'est parce que ses promoteurs l'ont permis dès le début en confondant les mobilisés sur leur côté avec les préférences collectives pour changer les règles du jeu. Maintenant, le président Boric demande à Kast de ne pas commettre la même erreur qu'eux, mais le chef de l'opposition est clairement incité à exercer sa majorité et à continuer ainsi de capitaliser sur son non jusqu'en 2025.



01/05/2023

Avril (b)

Politique et administration
- L'approbation du président Boric est de 30% et sa désapprobation se monte à 54% (baisse de 6%). La ministre de l'Intérieur a vu son approbation baisser de 17% vu les problèmes de sécurité, qui sont de son ressort.
- En réunion spéciale, le président Boric a "tiré les oreilles" des parlementaires des 2 coalitions qui le soutiennent en théorie mais se disputent trop fréquemment dû aux désaccords entre le "socialisme démocratique" et l'extrême gauche (Front Ample + PC). Un sénateur PC a déclaré que "les principes de son parti ne se négocient pas".
- Le parlement a approuvé une nouvelle loi sur le contrôle de l'immigration (avec vote contraire, mais insuffisant, du Front Ample et PC). Elle augmente les facultés de la police pour assurer leur identification (ainsi qu'à l'armée aux frontières sans douane).
- Il a aussi approuvé une loi condamnant spécialement l'action de sicaires.
- Plus de 300 émigrants, des vénézuéliens et colombiens qui veulent rentrer chez eux, sont bloqués à la frontière nord, dans le "no man's land", car le Pérou ne veut pas les admettre, leur ville frontière étant "saturée", et a même envoyé l'armée pour la bloquer (photo). Amnesty International a accusé les 2 pays de "décréter des politiques cruelles". Le Chili a été traité d"'irresponsable" par des autorités péruviennes mais propose un "couloir humanitaire" pour les faire voyager de façon contrôlée. Le premier ministre péruvien a accepté de l'étudier. L'ONU a demandé aux 2 pays de trouver une solution.
- La perception dans la population de l'existence d'un conflit avec les immigrants a augmenté de 33% depuis 2017, atteignant 71%. 77% considèrente "mauvaise" leur arrivée et 86% sont partisans de fermer les frontières. Selon la Banque Mondiale, le Chili a la proportion la plus élevée d'immigrants en Amérique Latine.
- Nouvelle loi: les chauffeurs d'automobiles d'applications comme Uber devront avoir un permis de conduire professionnel (cela en réduira fortement le nombre).
- Nouvelle constitution: La commission a approuvé un premier texte, mais ensuite ses membres ont proposé pas moins de 900 modifications (5, en moyenne, pour chaque article)! (Les experts de gauche insistent sur de multiples points qui étaient dans le projet rejeté l'an passé.) Elles seront évaluées après l'élection du 7 mai, qui pourra influer sur la rédaction du texte qui sera soumis aux conseillers élus.
- Les problèmes de sécurité ayant augmenté les critiques au gouvernement, on s'attend à une grande poussée de la droite aux prochaines élections de conseillers chargés de produire le texte final.
- 62,5% des gens n'ont aucune confiance dans ce nouveau processus. Seulement 30% sont intéressés. 76% déclarent qu'ils iront voter (le vote est cependant obligatoire).

Economie
- Le président Boric a annoncé la création d'une "Entreprise Nationale du Lithium" et une politique pour l'exploitation de ce minéral. On estime qu'il y a une soixantaine de gisements exploitables (mais tous fort petits en comparaison de celui qui est en exploitation). Il y aurait participation des privés mais l'Etat conserverait la propriété des gisements et le "contrôle" des sociétés qui se formeraient [une imposition idéologique dont on sait l'origine]. [Des investisseurs s'y risqueraient?] Pour certains, cela "sent" la nationalisation et cela a été informé ainsi internationalement. [C'est aussi plus de bureaucratie.]
Suite à un traité international, l'État est aussi obligé de consulter les communautés indigènes locales avant de commencer une nouvelle exploitation.
Cette politique inclurait la fabrication de batteries, mais on fait remarquer que le lithium n'en est que 7%. (¿Importer les autres composants, pour ensuite tout réexporte, avec le coût du transport? ce demande-t'on. Ou se limiter au rafinement (qui ne se fait pas en ce moment)? Il existe 2 entreprises privées (avec capitaux chinois et américains) qui exploitent 4% des réserves du plus grand gisement (d'où l'intérêt pour de augmenter l'exploitation) et l'exportent (en brut) depuis des années, sous concession valide jusque 2030 (SQM) et 2043 (Albemarle), contrats qui seront respectés, et qui ont apporté 8.000 millions de dollars à l'État l'an passé (photo de plans de séchage; photo de lithium extraitbelle photo d'une saline de lithium). Mais la chilienne SQM (à participation chinoise) a perdu 15% de sa valeur en bourse suite à l'annonce. L'américaine Albemarle a dit y voir une occasion d'obtenir plus de lithium. SQM est aussi intéressée à s'agrandir.
L'État créera aussi un institut de recherche consacré au lithium. (On n'a ici aucune idée de comment fabriquer des piles ou autres produits utiles.) Et il faut se dépêcher car l'affaire pourrait rapidement devenir obsolète vu l'avancement du développement des batteries au soude (plus économique et plus abondant).
Le Chili possède actuellement 10% des réserves mondiales de lithium et est le second "producteur" (après l'Australie). L'Argentine et la Bolivie ont ensemble 4 fois plus.
46 entreprises intéressées, de 12 pays, ont déjà pris contact pour s'informer.
- Des économistes dénoncent le manque de préoccupation du gouvernement pour les problèmes structurels qui freinent le dynamisme de l'économie. Après 50 ans (de promesses) le pays n'est pas développé et on ne voit pas comment il le pourrait.
- Les tarifs de l'électricité avaient été congelés depuis 2019; maintenant ils pourront monter de 2,5 à 6%.
- Les dépôts bancaires à temps et intérêts fixes ont augmenté de 50% l'an passé.
- Une étude a révélé qu'un tiers des chiliens a épuisé ses épargnes et les retraits possibles de ses fonds de pension à la fin de la pandémie.
- De nouveau: résultats négatifs ce mois pour le rendement des fonds de pensions.
- Le prix des oeufs a augmenté de 70% en un an, pricipalement à cause du sacrifice de poules dû à la gripe des poulets.
- Le Chili est devenu le plus grand exportateur mondial de moules. [Tant va à l'exportation qu'au marché on ne trouve que les plus mauvaises et au supermarché une qualité moyenne (congelées).]

Sécurité
- Entre mars 2022 et février 2023, 17.000 autos ont été volées; une hausse annuelle de 43%. Les vols ont cependant diminué ce dernier mois, grâce à de nouveaux contrôles.
- 36,8% des gens signalent qu'eux ou un membre de leur famille ont été victime d'un délit au cours des 3 derniers mois. 78% estiment que les carabiniers ont besoin d'une meilleure formation et d'un meilleur équipement.
- Grève d'une journée de toute la ville de Calama (nord) et manifestation massive pour protester pour l'insécurité dont le niveau est devenu intolérable (commissariat et gare d'autocars mitraillés il y a peu, avec 5 blessés et 2 morts, dont l'assaillant, mais nombreuse batailles dans les rues et bracages dans les magasins). Le ministère de l'Intérieur a annoncé l'envoi d'un renfort de police, ce que le bourguemestre estime insuffisant: il demande l'armée pour protéger les lieux importants.
- Encore des assassinats, des mitrallages et des attaques aux carabiniers dans plusieurs villes. On a retrouvé les cadavres de 2 personnes qui avaient été séquestrées pour extorsion. Une ronde massive, nationale, de police a permis l'arrestation de 677 délinquants fugitifs et la saisie de 223 kg de drogue et 64 armes. La première semaine du nouveau plan de "rues sans violence" (dans des communes à haute délinquance) a donné 337 autres arrestations et 35 armes saisies.
- Il y a pas mal de gens qui ne veulent plus voir le journal télévisé car il commence toujours par des assassinats ou autres tragédies.
- Les carabiniers et le ministère public, après 8 mois d'enquête, ont arrêté une bande de chiliens et boliviens qui s'aprêtaient à envoyer 280 kg de drogue, pour une valeur de 2,4 millions d'€, à Santiago depuis le nord du pays. La police civile a arrêté 6 chinois qui avaient 2.000 plantes de cannabis cultivées "in door", armes et véhicules dans plusieurs domiciles de la région métropolitaine. Une autre opération leur a permis de découvrir une plantation de cannabis dans une vallée à l'intérieur de La Serena: des armes de tous calibres et 1.200 kg ont été saisies (et brûlés), mais les délinquants avaient fui.
- Nouvelle loi "antinarco": facilite la persécution, permet la destruction des biens saisis ou leur destination à des institutions et renforce les institutions de réhabilitation.
- On a détecté l'offre, sur des réseaux sociaux, de fausses cartes d'identité vénézuéliennes.
- Araucanie: En plus des habituels incendies: Le véhicule d'une équipe de santé a été attaqué à coups de fusil de chasse ainsi qu'un minibus scolaire. Le médecin a été blessé de nombreuses chevrotines, mais aucun écolier. Et 7 attentats simultanés, dans 4 communes, ont détruit 30 machines, une maison et un hangar. Une escalade qui a continué pendant plusieurs jiours. [Et toutes les mesures officielles semblent toujours inefficaces.]
- La Corporation Indigène a remis 1.000 ha a une communauté mapouche.
- Le gouvernement a fait au total 170 procès et il a 220 détenus condamnés.